La forme pronominale

Il faut distinguer ici les verbes essentiellement pronominaux et la forme pronominale des verbes non pronominaux.

I – Les verbes pronominaux

La forme pronominale d’un verbe s’applique lorsque le verbe se conjugue avec deux pronoms de la même personne, représentant le même être ou la même chose.

Exemples : je me lave les mains, il s’est blessé à la jambe, il s’est emparé de mon briquet …

On distingue quatre sortes de verbes pronominaux en fonction des variations de sens du deuxième pronom :

I – 1 – Les verbes essentiellement pronominaux

Ils ne s’emploient qu’à la forme pronominale.

Exemples : s’emparer, se blottir, s’enfuir, s’absenter, s’abstenir, s’adonner, s’arroger, se démener, se désister, s’écrier, s’efforcer, s’en aller, s’enquérir, s’ensuivre, s’entraider, s’envoler, s’évader, s’évanouir, s’exclamer, s’immiscer, s’ingénier, s’insurger, se lamenter, se méprendre, se moquer, s’obstiner, se raviser, se rebeller, se réfugier, se réjouir, se soucier, se souvenir, se méfier.

Il s’arroge le droit de critiquer cette œuvre ; il s’envole vers d’autres horizons ; vous vous méprenez sur mes intentions ; il alla se réfugier chez sa grand-mère…

I – 2 – Verbes à la forme essentiellement pronominale différente du verbe actif :

Ces verbes ne sont pas pronominaux dans leur sens premier, mais la forme pronominale leur donne un sens différent. Le deuxième pronom fait corps avec le verbe et ne s’analyse pas.

Exemples : s’apercevoir de, s’attendre à, se douter de, se garder de, s’affranchir de, s’occuper de, se plaindre de, etc.

Il s’aperçut de son erreur (on voit ici que le sens implique bien le sujet et le met au centre de l’action d’apercevoir, cela diffère légèrement de : il aperçut son erreur) ; je m’attendais à un meilleur accueil ; tu te doutais bien de sa réaction ; je me garderais bien de vous juger…

I – 3 – Les verbes accidentellement pronominaux de sens réfléchi

L’action ici se retourne, se réfléchit sur le sujet.

Exemples : il se lava les mains ; elle s’habilla ; il se dit content ; ils s’offrent un bon repas…

I – 4 – Les verbes accidentellement pronominaux de sens réciproque

L’action, ici, faite par plusieurs choses ou plusieurs êtres s’exerce l’un sur l’autre, les uns sur les autres.

Exemples : les oiseaux s’interpellent d’un arbre à l’autre ; les enfants s’aident mutuellement à enfiler leurs vêtements, on s’écrit régulièrement…

Le deuxième pronom s’analyse uniquement dans les verbes accidentellement pronominaux, on peut en effet définir si ce sont des compléments d’attribution, d’objet direct ou indirect

II – Différences de sens entre verbe actif et pronominal

Il faut bien faire attention à la différence de sens qu’implique l’utilisation d’un verbe à la forme active ou à la forme pronominale.

Ainsi, on dira : elle se fait du mal inutilement, par contre elle fait du mal à sa sœur. Dans un cas, le sujet est concerné directement et l’action se retourne contre lui, dans l’autre cas, l’action n’est pas dans la direction du sujet mais se reporte sur quelque chose ou quelqu’un d’autre.

De même, on dira il s’est retourné sur une jolie fille, mais il est retourné à ses affaires.

Autre exemple : il se met à table (qui peut soit vouloir dire : il a avoué, soit il s’est assis à une table), alors que : il met la table (veut bien dire qu’il dress le couvert sur une table ou qu’il déplace la table pour la poser ailleurs).

On peut considérer que bien souvent, la forme pronominale donne une notion plus abstraite que la forme active. Ainsi dans : Il plie ses genoux : le sujet est actif, il plie lui-même ses genoux, par contre dans : ses genoux se plient : ce sont les genoux qui se plient.

III – Le participe passé des verbes à la forme pronominale

III – 1 – La forme pronominale impose l’utilisation de l’auxiliaire être à la forme composée. Toutefois, l’accord du participe passé répond aux mêmes règles que celles avec le verbe avoir sauf pour les verbes essentiellement pronominaux.

Exemples : prenons l’exemple du verbe se laver, on écrira : elle s’est lavé les mains, mais : elle s’est lavée. Pourquoi ? si on utilise l’auxiliaire avoir on peut avoir la réponse en posant tout simplement la question qui ou quoi ?

Dans le premier cas : elle a lavé quoi : les mains. Le COD est donc les mains, placé derrière le verbe. Elle a lavé les mains à qui ? à elle, s’ est donc ici complément d’objet indirect. Il n’y a donc pas d’accord du verbe avec s’.

Par contre, si nous disons simplement : elle s’est lavée. Ici, la question est elle a lavé qui ? elle-même c’est-à-dire s’, placé devant, il y a donc accord.

III – 2 – Participe passé des verbes essentiellement pronominaux

Dans ce cas, le participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le sujet :

Exemples : Les civils se sont enfuis dans les bois : elle s’est emparée de la casserole, ils se sont blottis dans un recoin, elles se sont lamentées toute la journée

N.B. : • Certains verbes comme se parler, se plaire, se ressembler, se rire, se succéder, etc. n’ont pas de complément d’objet direct, par conséquent leur participe passé ne s’accorde jamais :

Les joueurs se sont succédé sur le terrain : ils ont succédé à qui ? se complément d’objet indirect, pas d’accord.

• Le verbe s’arroger a toujours un COD, son participe passé suit donc les règles du participe passé avec le verbe avoir :

Ils se sont arrogé des privilèges : COD = privilèges, placé derrière, pas d’accord.

Les biens qu’elles se sont arrogés viennent de leurs parents : elles se sont arrogés quoi ? Les biens, placé avant = accord.

• Attention à se parler

Ils se sont parlé : ils ont parlé à qui ? à eux, ici se est donc COD, pas d’accord.

Ces langues se sont parlées il y a très longtemps : on a ici la forme passive du verbe se parler, ce sont les langues qui ont été parlées, il y a donc bien accord.

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