La lettre volée

la lettre volee

Auteur : Edgar Allan Poe

Date de publication :
7 mars 2020

ISBN :
978-2-9534938-N-2.126

Nombre de pages :
28

Genre :
nouvelle – fiction


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Cette nouvelle, extraite des Histoires extraordinaires d’Edgar Allan Poe, est une traduction de Charles Baudelaire qui appréciait beaucoup cet auteur. Une lettre très compromettante a été volée au vu et su de la personne compromise par un ministre indélicat. Il faut absolument la retrouver et le préfet de police en personne vient trouver le célèbre Dupin afin de demander conseil.


Extraits :

J’étais à Paris en 18… Après une sombre et orageuse soirée d’automne, je jouissais de la double volupté de la méditation d’une pipe d’écume de mer, en compagnie de mon ami Dupin, dans sa petite bibliothèque ou cabinet d’étude, rue Dunot, n° 33, au troisième, faubourg Saint-Germain. Pendant une bonne heure, nous avions gardé le silence ; chacun de nous, pour le premier observateur venu, aurait paru profondément et exclusivement occupé des tourbillons frisés de fumée qui chargeaient l’atmosphère de la chambre. Pour mon compte, je discutais en moi-même certains points qui avaient été dans la première partie de la soirée l’objet de notre conversation ; je veux parler de l’affaire de la rue Morgue, et du mystère relatif à l’assassinat de Marie Roget. Je rêvais donc à l’espèce d’analogie qui reliait ces deux affaires, quand la porte de notre appartement s’ouvrit et donna passage à notre vieille connaissance, à M. G…, le préfet de police de Paris.

Nous lui souhaitâmes cordialement la bienvenue ; car l’homme avait son côté charmant comme son côté méprisable, et nous ne l’avions pas vu depuis quelques années. Comme nous étions assis dans les ténèbres, Dupin se leva pour allumer une lampe ; mais il se rassit et n’en fit rien, en entendant G… dire qu’il était venu pour nous consulter, ou plutôt pour demander l’opinion de mon ami relativement à une affaire qui lui avait causé une masse d’embarras.

  • Si c’est un cas qui demande de la réflexion, observa Dupin, s’abstenant d’allumer la mèche, nous l’examinerons plus convenablement dans les ténèbres.
  • Voilà encore une de vos idées bizarres, dit le préfet, qui avait la manie d’appeler bizarres toutes les choses situées au-delà de sa compréhension, et qui vivait ainsi au milieu d’une immense légion de bizarreries.
  • C’est, ma foi, vrai ! dit Dupin en présentant une pipre à notre visiteur, et roulant vers lui un excellent fauteuil.
  • Et maintenant, quel est le cas embarrassant ?demandai-je ; j’espère bien que ce n’est pas encore dans le genre assassinat.
  • Oh ! non. Rien de pareil. Le fait est que l’affaire est vraiment très simple, et je ne doute pas que nous ne puissions nous en tirer fort bien nous-mêmes ; mais j’ai pensé que Dupin ne serait pas fâché d’apprendre les détails de cette affaire, parce qu’elle est excessivement bizarre.
  • Simple et bizarre, dit Dupin.
  • Mais oui ; et cette expression n’est pourtant pas exacte ; l’un ou l’autre, si vous aimez mieux. Le fait est que nous avons été tous là-bas fortement embarrassés par cette affaire ; car, toute simple qu’elle est, elle nous déroute complètement.
  • Peut-être est-ce la simplicité même de la chose qui vous induit en erreur, dit mon ami.
  • Quel non-sens nous dites-vous là ! répliqua le préfet, en riant de bon coeur.
  • Peut-être le mystère est-il un peu trop clair ? dit Dupin.
  • Oh ! bonté du ciel ! qui a jamais ouï parler d’une idée pareille.
  • Un peu trop évident.
  • Ah ! ah ! ah ! ah ! oh ! oh ! criait notre hôte, qui se divertissait profondément. Oh ! Dupin, vous me ferez mourir de joie, voyez-vous.
  • Et enfin, demandai-je, quelle est la chose en question ?
  • Mais, je vous la dirai, répliqua le préfet, en lâchant une longue, solide et contemplative bouffée de fumée et s’établissant dans son fauteuil. Je vous la dirai en peu de mots. Mais, avant de commencer, laissez-moi vous avertir que c’est une affaire qui demande le plus grand secret, et que je perdrais très probablement le poste que j’occupe, si l’on savait que je l’ai confiée à qui que ce soit.
  • Commencez, dis-je.
  • Ou ne commencez pas, dit Dupin.

C’est bien ; je commence. J’ai été informé personnellement, et en très haut lieu, qu’un certain document de la plus grande importance avait été soustrait dans les appartements royaux. On sait quel est l’individu qui l’a volé ; cela est hors de doute ; on l’a vu s’en emparer. On sait aussi que ce document est toujours en sa possession.

Autres détails :

Ecrivain américain du 19e siècle, il est né en 1809 à Boston et sera orphelin dès l’âge de trois ans. Adopté par la famille Allan, il fera des études classiques et littéraires. Fasciné par l’Angleterre mystérieuse, il se nourrit de ses histoires.

Manuscrit trouvé dans une bouteille sera primé au concours organisé par le Saturday Visitor de Baltimore. II devient rédacteur en chef du Souther Literary Messenger de Richmond.

Ses “Histoires Extraordinaires“ et “Nouvelles Histoires Extraordinaires“, entre autres, ont été traduites par Charles Baudelaire qui se reconnaissait dans cet écrivain.

Sombrant dans l’alcoolisme et la drogue, il perd son emploi, mais un rebond avec Le Corbeau lui permet de se redresser quelque temps. Cependant, bien que d’une vive intelligence, il se brouille avec tout son entourage et vit misérablement.

On le retrouva, un jour, hébété sur un trottoir. Il mourut peu après à l’hôpital en 1849.

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