Ces petits mots sournois

Il nous arrive souvent d’hésiter sur l’orthographe ou l’usage d’un mot, un tout petit mot, parfois, qui nous pose bien des problèmes : dois-je mettre un accent ? y a-t-il un s ? dois-je le laisser attaché ? Pourtant, des moyens simples nous permettent de ne pas rester en carafe et d’éviter des fautes voire des contresens.

A – à

a : verbe avoir à la troisième personne du singulier du présent. Si vous hésitez, mettez-le à l’imparfait (avait)

à : avec accent grave indique un lieu, peut être remplacé par vers et répond à la question où ?

Exemples : Je vais à Paris (vers)

Il a beaucoup de chance de venir à Paris (il avait)

Il est parti à la plage et il a oublié sa crème solaire.

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Ces – ses

“Ces“ répond à la question : peut-on dire « ceux-là » ? les objets ou les personnes n’ont aucune appartenance propre : le “ces“ désigne un terme général

“Ses“ répond à la question : peut-on dire « les siens » ? les objets ou les personnes sont apparentés au sujet : le “ses“ se rapporte à quelqu’un en particulier

Exemples : Posez ces livres sur la table.

Il a pris ses livres avant de partir.

Il a repris ses affaires et laissé ces bibelots.

Elle s’est laissé prendre à ses grands airs mais ces choses-là ne nous regardent pas.

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Vingt – cent – mille

Vingt ne prend un s que dans le nombre quatre-vingts

Cent prend un s seulement s’il n’est pas suivi d’un autre chiffre ou nombre.

Mille est invariable excepté lorsqu’il désigne une mesure. Dans les dates, on écrira mil et non mille.

NB : on met un trait d’union pour les nombres en dessous de cent : vingt-sept, quatre-vingt-dix-huit, etc…

Exemples : je vous prends quatre-vingts bouteilles de soda.

Mettez-moi quatre-vingt-quatre mètres de ce tissu.

Ils étaient deux cents à la fête.

On a compté jusqu’à trois cent cinquante-quatre manifestants.

Il y a bien cinquante milles entre Paris et Bordeaux (milles est ici l’ancienne unité de mesure)

Il est décédé en l’an mil quatre cent quatre-vingt-dix

Le concert a réuni deux mille personnes

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Quelque – quel(le) que

Quelque est adverbe lorsqu’il désigne une quantité ou lorsqu’il peut être remplacé par environ

Suivi d’un verbe, quelque devient quel que. Dans ce cas, quel s’accorde avec le sujet.

Exemples : Prenez ces quelques livres.

La roue fut inventée il y a quelque deux mille ans (environ).

Quelles que soient vos idées (le sujet est idées), vous devez suivre le règlement.

Quels que puissent être vos sentiments, restez serein (le sujet est sentiments).

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Quoique – Quoi que

Quoique : invariable lorsqu’il signifie bien que, même

Quoi que : en deux mots lorsqu’il prend le sens de quelle que soit la chose, l’objet

Exemples : quoique (même) malade, il continue à s’entraîner tous les jours

Quoique (bien que) vous lisiez correctement, il faut vous entraîner

Quoi qu’il dise (quel que soit ce qu’il dit), elle le contredit toujours

Quoi que vous fassiez (quel que soit ce que vous faites), il ne cèdera pas

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Même

Même est invariable si on peut le remplacer par aussi

Prend un s si on peut le remplacer par semblable

Exemples : Elles sont même allées à la plage

Ils portent les mêmes vêtements

Elles vous le diront elles-mêmes

N.B : dans les expressions elles-mêmes, eux-mêmes, on met toujours un s à même

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Tout – tous – toute – toutes

Tout : reste invariable si on peut le remplacer par tout à fait, si, tellement

Prend le féminin devant un mot féminin ou une h aspirée

Dans tous les autres cas, il faut accorder

Exemples : Ce bureau est tout en désordre (tellement)

Elle était toute hérissée

Ils sont tout (tout à fait) disposés à vous écouter

Je vais tous les jours à la cantine

Toute cette agitation me fatigue

Il renifle dans tous les coins

Cas particulier : Tout autre est soit invariable (on peut remplacer par différent de, (autrement),

Soit il s’accord (on peut remplacer par n’importe quel)

Exemples : cette brochure est tout autre que je l’imaginais

Je prendrai toutes autres mesures que celle-là

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Leur – leurs

Leur : pronom personnel, il reste invariable. Il répond à la question à qui ? à quoi ? et signifie donc à eux, à elles

Leur: adjectif possessif, il s’accorde avec le nom qu’il définit au pluriel. On peut remplacer par les leurs.

Exemples : Elle leur dira (à eux) ce qu’elle en pense

Leurs robes (les leurs) sont abîmées

N.B : à noter que leur est un terme neutre et ne prend pas de forme féminine, on n’écrira pas leure.

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Notre – votre – le nôtre – le vôtre

Notre et votre : adjectifs possessifs, ils ne prennent pas d’accent circonflexe et se transforment en nos et vos au pluriel

Le nôtre et le vôtre : pronoms personnels, la prononciation plus grave vient de la présence de l’accent circonflexe, ils prennent un s au pluriel.

Exemples : notre nouvelle voiture est vraiment confortable

J’aime bien vos nouvelles chaussures

Si, cette copie est bien la vôtre

Prenez-les, nous avons les nôtres

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Quand – Quant

Quand : adverbe de temps, invariable, prend toujours un d à la fin. On pourrait le remplacer par lorsque, il indique une notion de temps, de période : à quel moment

Quant : prend un t uniquement dans l’expression quant à. On peut le remplacer par l’expression en ce qui vous concerne ou pour ce qui est de…

Exemples : Quand arrive-t-elle ?

Je ne sais pas quand cela arrivera

Je suis contre, quant à vous, réfléchissez bien !

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Prêt à – près de

Prêt à : prend le sens de disposé à, préparé et s’accorde avec le nom sujet

Près de : invariable, il signifie sur le point de, à côté de…

Exemples : Le bateau est prêt à partir (on l’a préparé)

Le bateau est près de partir (il est sur le point de partir), dépêchez-vous !

Vous trouverez le sac près de la commode (à côté de)

Elle est prête à écouter (elle s’est préparée)

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Parce que – Par ce que

Parce que : signifie attendu que, vu que, pour cette raison…

Par ce que : est détaché lorsqu’il prend le sens de par le fait que, par la chose que…

Exemples : Je vous dis cela parce que (vu que) je vous aime bien

Je vous dis par ce que (par le fait que) ma position implique vis-à-vis de vous

Il va pleuvoir parce que les nuages sont vraiment noirs

Par ce qu’il vient de nous dire, on voit bien qu’il est innocent.

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Plutôt – Plus tôt

Plutôt : a plusieurs sens mais reste invariable, il peut signifier davantage, au lieu de, de préférence à, on le retrouve dans l’expression comparative plutôt que

Plus tôt : relatif au temps qui passe, il signifie auparavant, antérieurement

Exemples : Il est arrivé plus tôt que prévu

Elle avait plutôt envie de rester

Je préfèrerais manger plutôt un croissant

Plus tôt tu auras fini, plus tôt tu pourras aller jouer

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Ou – Où

La faute est très commune, pourtant il suffit de se rappeler que :

Ou : est une conjonction de coordination et signifie ou bien, ou alors

 : est adverbe de lieu ou de temps et peut être remplacé par à cet endroit, là, pendant lequel…

Exemples : Que préférez-vous ? La mer ou la montagne ?

Où (à quel endroit) doit-on se retrouver ?

J’aime ce moment où (pendant lequel) nous nous retrouvons entre amis

Café ou chocolat, cela m’est égal

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Davantage – D’avantage

Davantage : adverbe signifiant plus, est invariable

D’avantage : indique une notion de profit, d’intérêt, d’utilité… et s’accorde selon le contexte

Exemples : Il y a beaucoup d’avantages à vivre hors de la capitale

Il en veut toujours davantage (plus)

Je n’ai pas d’avantage (de profit) à vous dire cela

Donnez-moi davantage d’explications

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La – Là

La : déterminant (article) ou pronom personnel ne prend pas d’accent, c’est aussi la note de musique et dans ce cas c’est un nom masculin.

 : adverbe de lieu (en opposition à ici) ou de temps (à ce moment), il peut être utilisé pour renforcer une idée ; s’utilise avec les pronoms démonstratifs pour préciser : celle-là, ces choses-là, celui-là…

Exemples : Posez votre manteau là (à cet endroit)

Je la veux (cette chose)

Elle voulait ce livre-là (dans ce cas, il vaut mieux utiliser un trait d’union)

Vous faites là une grosse bêtise (idée de renforcement)

Il prit la bouilloire et remplit la théière

Ah ! Celle-là, je la retiens !

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ça – çà

ça : pronom démonstratif, il prend le sens de cela, cette chose, cette personne

çà : adverbe de lieu, il peut être remplacé par ici. On le retrouve essentiellement dans l’expression ça et là. On peut aussi l’utiliser en interjection pour renforcer l’idée de eh bien ! allons ! alors là !

Exemples : Elle errait çà et là, sans but précis (par ci, par là)

Montre-moi donc ça (cela)

Ça suffit !

Çà ! Il m’a bien eue ! (alors là !)

Je ferai ça plus tard (cela)

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Envie – Envi

Envie : prend toujours un e lorsqu’il indique le sentiment de convoitise, le désir

Envi : souvent utilisé en poésie classique, le e final étant considéré comme un pied. L’expression à l’envi est invariable

Exemples : J’ai terriblement envie d’une glace

Prenez-en à l’envi, ne vous gênez pas

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Ô – ho ! – oh ! – Hé – Eh !

Ô : surtout utilisé en poésie, il marque l’admiration, le respect

Ho ! : interjection marquant une interpellation, un appel

Oh ! : interjection marquant la joie, la douleur

 ! et Eh ! : interjections marquant la surprise, l’étonnement ou servant à appeler quelqu’un. Hé ! Hé ! répété indique plutôt l’ironie, l’approbation

Exemples : Ô ce peuple ! Qu’il est difficile à gérer !

Ho ! Il y a quelqu’un ?

Hé ! Vous, là-bas !

Oh ! que ça fait mal !

Eh ! ça va ?

Oh ! Quelle joie de vous voir !

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